L’esprit d’équipe… C’est des mecs qui sont une équipe, ils ont un esprit ! Alors, ils partagent ! [Coluche]
C’est ainsi que ce vendredi 20 août 2010 en arrivant au Mans, nos quatre équipiers du Team Je Porte un casque .com, débarquaient d’un seul et même bloc dans l’antre mythique du circuit Bugatti.
Magali, Marcel, Laurent et Jean-Denis, les yeux écarquillés, émerveillés tels des gosses devant un des plus beaux jouets qu’il leur ait été donné de voir. Une vraie équipe avec une volonté commune : « en profiter et terminer le mieux possible ».
Après avoir installé la tente des « casqués » dans le village des exposants, nous sommes allés récupérés nos dossards. Chemin faisant, nous avons bien essayé d’approcher le lieu de nos futurs ébats, mais en vain, la sécurité veille ; tout juste avons-nous pu apercevoir l’arrière des gargantuesques tribunes et le haut du pneu Dunlop. Malgré tout quelques frissons et la chair de poule, de quoi bercer nos rêves.
Retour à l’hôtel et dans une pizzeria où nous en profitons pour revoir la tactique d’équipe ; dans la journée, c’est une heure chacun et à partir de 23h ce sera 1h30, jusqu’au lendemain… simple dit le boss, tout comme la technique : « tu prends ton relais, tu rentres sur la piste, t’attends le bon groupe et tu t’accroches au wagon… facile ». Allez, maintenant que nous voilà rassurés, au lit.
Samedi matin, réveil dès potron-minet et là pas de retardataire, pour aller sur le circuit. A tel point, qu’en arrivant enfin dans notre paddock, le N° 22 (ce n’est pas moi qui ai choisi…), nous sommes les premiers ; nous avons donc le temps de nous installer, mais la première idée (un seul esprit… c’est marqué en haut) c’est de nous précipiter au bord du légendaire circuit ; aujourd’hui, il est pour nous. Ce sanctuaire de l’automobile va accueillir dans ses courbes voluptueuses, sur sa fameuse montée du pneu Dunlop (600m à 3,5% quand même…à la fin ça use) des engins cosmopolites inhabituels, sur deux roues, aux châssis carbonés aux moteurs humains. Ce sera deux jours inoubliables. De grands moments à savourés pleinement, sans rien en perdre ; comme je ne sais plus qui disait : « les heures de bonheur on les a pour la vie, mais les heures perdues, on ne les rattrape jamais ».
D’autant, qu’en fait de 24 heures, c’est plus long, car tout commence dès notre arrivée à 08 heures.
Mais, revenons à notre installation, elle fut sommaire (pas la tête à ça), nous la peaufineront (façon « capharnaüm ») tout au long de la journée.
Neuf heures, nous partons donc joyeux, plein d’allant et insouciants pour une reconnaissance des 4185m du circuit. Nous en profitons bien, car dès que ce sera parti, à fond, la tête dans le guidon, ce ne sera plus le moment d’apprécier le paysage.
Retour au paddock et c’est la longue attente qui commence.
Quatorze heures et comme, j’ai la chance d’être le premier, je me dirige vers le lieu de rassemblement des équipe, au bout des stands ; c’est de là que par groupe nous partons derrière une voiture ouvreuse pour faire un tour de chauffe (comme les grands). Un grand moment de béatitude.
De retour sur la ligne droite d’arrivée, en fait en l’occurrence de départ, nous sommes accueillis par la foule enthousiaste, les tribunes me semblent pleine, un vrai plaisir.
Je repère Laurent et me dirige vers lui pour tendre mon vélo. C’est lui qui va me le tenir pendant le départ façon 24H du Mans.
La tension monte, je traverse la piste pour prendre ma place. Ca crie, ça hurle, ça chante, tout se mélange, anxiété et excitation réunies… puis ce sont les hymnes. Il fait chaud, très chaud, encore plus chaud, mais peut-être est-ce l’imminence du départ…avec Laurent, nos regards se croisent ; un bref échange chargé d’estimation et d’estime (toujours le même esprit)…et puis tout à coup c’est le départ… je suis même surpris.
C’est une cohue qui s’apparente plutôt à l’effort dépouillé d’écoliers se précipitant dans la cour de récréation, s’élançant au même signal à celui qui atteindra le premier le mur d’en face.
Là, chacun enfourche sa machine et s’ensuit une grande envolée au coude à coude qui aura le mérite de se déliter au fil des tours ; il ne manquait que le vrombissement des moteurs… sinon c’est pareil que dans mes souvenirs, sauf que là je suis acteur.
Après, c’est une succession de tours de manège où vont se succéder nos cyclistes ; tour après tour, heure après heure, d’aucuns ne voudront céder ces quelques moments de délices sur une asphalte faite de moquette grise. Pourtant certains arriveront à « chopper » le « pompon » et se verront octroyer quelques tours de plus.
Mon relais terminé, je rentre dans l’aire de transition (pas plus de 20km/h) pour passer le bracelet (puce électronique) à Marcellou.
Ce dernier, pressé d’en découdre, inquiet et ému, comme à chacun de ses « starts », méticuleux avec les chiffres et avec son matériel, s’élance dans la grande messe du Mans comme un séminariste impatient de prononcer ses vœux dans la grande cathédrale du circuit Bugatti.
Las et contraint par la tactique mise en place, il accompli son heure et tandis que l’enivrant carrousel des cyclistes processionnaires suit son cours avec ses trémulations tétanique à l’approche du pneu Dunlop, notre Marcellou passe son relais à notre pédaleuse de charme Magali. Elle n’était pas venue en robe de bal pour faire tapisserie, mais bien avec sa tenue « casquée » pour entrer dans la danse « manselle » sans s’en laisser compter. Sa moyenne horaire au-delà des 31km/h en est la preuve.
C’est donc le charme casqué qui son heure accomplie lançait sur la piste Laurent (le boss), notre « sanglier » sigeanais (pardon pour l’irrespect, mais depuis l’incident de la combi… !!!) qui déboule, la barbe naissante et la pédalée assurée, sur le billard du Bugatti, derrière de curieux essaims de cyclistes aux postérieurs râpés par les heures de selle (malgré la crème assos) essayant de retrouver ceux de sa ruche.
C’est ainsi qu’au fil des relèves, la nuit est tombée. Mais, nous n’aurons pas le loisir de caresser l’ambition de sommeiller au fond d’un matelas bien douillé… quoique !!! il en fut qui trouvèrent parfois un état de réceptivité ou cet objet accueillant et moelleux pris la part belle. C’est vrai que le boss, au moment du départ a dit : « ça va ronfler »
Mais, le moment le plus difficile, c’est toujours le matin, au réveil. Là ce fut le dimanche entre 9 et 11 heures et pour tous les quatre (toujours le même esprit).
Le manque de repos, la piste écrasée par le soleil, un classement bien établi, en fait une certaine monotonie. Comme l’a dit Paul Morand : « les coureurs se succédaient, monotones comme les feuilles du calendrier, avec leur gros numéros noirs épinglés dans le dos ».
Heureusement, à la lumière des efforts consentis, l’exaltation d’une fin proche et d’un exploit bien abouti font renaître une réelle effervescence au fil des minutes, se transformant en fièvre et en explosion de joie tant dans les tribunes que sur la piste.
Les romains affirmaient que chaque heure blesse et que la dernière tue. Notre Lolo a tenu à prouver le contraire. C’est sûr que celles qui ont précédées ont laissées des traces et faisaient présager une fin tragique. Il n’en fut rien, tel le phénix, dans le semi-délire des derniers tours, sous les hourrahs… et les encouragements, il repartait de plus belle, nous gratifiant même d’un sprint victorieux sur la ligne d’arrivée… l’exemple quoi.
C’est fini, déjà… !!! au résultat 200 tours, 170ème sur 359, mais aussi des échanges fraternels avec Fred du CYCLE MAGAZINE et ses copains, avec ceux de ST GEOURS (super le melon et la bière…) et tous les autres.
Une telle course est totalement différente de tout ce que j’ai connu, ici c’est une effort qui introduit l’aventure d’un groupe (d’un esprit) dans la performance et l’anecdote dans le résultat.
J’aurais encore tant de chose à dire, mais c’est déjà trop long ; pour le reste, vous n’avez qu’à vous inscrire pour 2011, vous ne le regretterez pas.
Avant de conclure, j’aurai une pensée pour celle qui nous a accompagnés, la gardienne du temple (de la tente casquée) et qui elle aussi a accompli ses 24 heures (et même ses tours sur la piste, mais en voiture), notre journaliste et photographe Catherine.
J’en finirai donc comme je l’ai commencé, par une citation, mais ce coup-ci de Françoise Dolto : « Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences. »